- Ma Tasse Athée
En juin dernier, le conseil municipal de Paris décidait de donner au parvis de Notre-Dame le nom de Jean-Paul II, suscitant des réactions indignées, notamment d’associations d’homosexuels qui jugent criminelles ses prises de position à propos du sida. D’ici à ce que la mairie rebaptise ses prestigieux abords « Place de l’Autel de Ville »…Dans les relations avec ses pieux partenaires de droite, la sacro-sainte laïcité socialiste n’a pas dû mettre de préservatif.
Un pape peut en cacher un autre. En Allemagne, Benoît XVI a fustigé la surdité du monde moderne. Si j’ai bien entendu, c’est de la surdité à Dieu dont il voulait nous entretenir. Cet excellent surhomme affirme que, sans la foi catholique, l’humanité sombre tout bonnement dans la violence. C’est vrai que les douces pratiques de l’Eglise sont restées légendaires. Cachots, tortures, bûchers, massacres, conversions forcées, déculturations, soutiens des dictatures, autant de faits édifiants qui témoignent d’un passé sacrément pacifiste, à coups de sabre et de goupillon. A bon entendeur, salut apostolique!
C’est sans doute, au nom de ce passé haut en douleurs, que le riverain pontife a taquiné ses voisins musulmans, amalgamant islam et islamisme, dénonçant leurs violences, leur absence de raison, et citant fort à propos un empereur byzantin du XIVème siècle qui prétendait que Mahomet n’avait apporté que "des choses mauvaises et inhumaines". Une manière très détournée d’œuvrer pour l’œcuménisme.
L’oraison du plus fort est toujours la meilleure. On a vu et voit encore ce qu’il advient des guerres de religion. Quand on entend le président Bush justifier ses actions les plus basses au nom de son petit dieu puritain, quand on voit Al-Quaïda réduire des foules en chair à ayatollahs, en pâtés d’attentats, et tant d’autres horreurs couvertes de prières, on milite avec ferveur pour le guère de religion.
Le pape a encore papoté, critiquant les sciences et les techniques. Ah, le bon vieux temps de la terre plate, de la côte d’Adam sorti de la glèbe, de l’arche de Noé… Et de conclure par la nécessité de « la crainte de Dieu ». Jésus, fais-moi peur.
Lorsque j’étais enfant de chœur, c’était plutôt le diable qui me fichait la trouille. Souvent le soir, en vacances, ma grand-mère nous racontait des histoires où le démon traînait queue poilue et pieds fourchus. Lorsque je sortais dans la nuit avant de me coucher – les commodités se trouvaient au fond du jardin -, mort de trouille, je pissais à moitié dans ma culotte.
Pour le reste, on m’avait appris l’amour du Seigneur. Aujourd’hui, renégat endurci, il me semble que le Créateur a dû enfin faire valoir ses droits canons à la retraite. Et c’est surtout le discours pontifical qui m’effraye. La papamobile avance à reculons.
« Ce qui excuse Dieu, c’est qu’il n’existe pas. » disait Stendhal. Vous l’aurez deviné, les bondieuseries ne sont pas vraiment ma tasse de Te Deum. |