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CHRONIQUES |
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- AppareilsQuand j’entends prononcer le mot appareil, quelque soit le sens où il est employé, je pense à ma tante. Cette paysanne, ridée comme une vieille pomme, avait perdu toutes ses dents au cours d’une vie qui manquait un peu d’hygiène buccale. Mais au contraire de son homme -qui vécut jusqu’à cent ans et qui, malgré ses trois chicots branlants, ne voulut jamais entendre parler de dentiste, encore moins de râtelier- ma tante affichait un semblant de coquetterie féminine qu’attestaient ses tabliers fleuris, ses mises en plis épisodiques, le port exceptionnel dune bague de fiançailles, de bas épais couleur chair de foie gras, et celui d’un appareil dentaire qui me fournit l’entrée en matière de cette chronique. Je la revois à table, après le fromage juste avant de servir le café, sorte de pissat brunâtre qu’on buvait dans les verres en pyrex, sortir ses fausses dents et, avec la pointe d’un couteau, gratter les débris d’aliments qui ne manquaient pas de s’y coincer. Mais elle avait fort heureusement assez d’éducation pour se retenir de curer son dentier devant les étrangers. Enfant, j’eus bien quelque doute sur la bienséance de cette exhibition, mais je n’en fus jamais choqué. J’aimais ma tante et ses fausses dents de fête foraine. |
Photos : Jean-Luc Petit / Site : HeerSpirit |