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CHRONIQUES

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- Centre

La méthode Bayrou, c’est comme une paire de fesses – pas étonnant qu’elle séduise bon nombre d’enseignants- ça rassemble la droite et la gauche. Jusque là, seule la nature avait réussi cet exploit. Quelles que soient ses opinions, on admirera l’habileté de ce candidat. Et sa folle témérité à s’immiscer entre des masses aussi populaires.
Depuis que les sondages et autres thermomètres explorent le corps électoral, jamais, dit-on, un troisième homme n’a bondi aussi vite dans les intentions de vote. Voilà donc l’apparition d’un centre qui assure encore une autre performance, celle d’être à la fois à droite, à gauche et au milieu. Un numéro qui laisse admiratif. Bayrou dit à ses électeurs : « Allez voir là-bas si j’y suis. » Ils y vont. Il y est. Miraculeux.
Le centre. On le croyait centrifuge, comme un lieu d’où divergeaient les extrêmes. Désormais, on le voit centripète, comme un nombril où ils aiment à converger. Un espace confraternel, quasiment œcuménique, où Monseigneur Bayrou célèbre sa grand messe en latin de cuisine électorale. Il ne s’étonnera pas que frère Nicolas et sœur Ségolène, qui ont passé l’âge des enfants de chœur, aillent lui chercher des crosses.
Bon, allons nous instruire un peu. Centre dérive du latin centrum, lui même issu du grec Kentron signifiant d’abord « aiguillon » puis « point central d’une circonférence », et qui dérive  de kentein, « piquer ». D’ici à insinuer que notre Bayrou pique ses idées aux uns et aux autres ! Péché véniel de cette campagne d’ailleurs où chacun emprunte au voisin. Attention aux mélanges, ça donne mal à la tête. Ca vous dirait, vous, d’avaler ce cocktail explosif : grenadine (Ségo), jus de carotte (Sarko), anisette (le Pen), viandox (Bové) vodka (Besancenot) et menthe sauvage (les verts) ? 
 Un peu d’histoire. « Père, gardez-vous à droite ! Père gardez-vous à gauche ! » hurlait Philippe le Hardi à Poitiers, en 1336. Mais le bon roi Jean fut fait prisonnier au centre de la bataille. Bayrou devrait ce méfier. Il collectionne les détracteurs. 
Revenons à centre. Personnellement, je n’ai jamais aimé ce mot. C’est plein de monde. On traîne au centre commercial comme des vaches à la stabulation. Au centre hospitalier, tous ces éclopés dans la salle d’attente. Au centre culturel, tous ces intellos bobos qui vous regardent de haut. Au centre de loisirs, tous ces mômes qui vous cassent les oreilles. Au centre nautique, tous ces nageurs ventripotents dans l’eau de  javel. Les centres, voyez-vous, j’en ai ma claque. On y a tous l’air plus moche et plus con que nature. C’est dire.
Alors quand on me parle d’un gouvernement centriste, je centripète un plomb. Et ce mec, qui parle à l’oreille des tracteurs, il peut toujours se rengorger ; je lui refuse un soutien. La politique –que les femmes me pardonnent cet emprunt cavalier- c’est comme une paire de nibards. Qui donc se battrait pour avoir le milieu ?

Photos : Jean-Luc Petit / Site : HeerSpirit