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CHRONIQUES

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La mode a bon dos, du moins pour les mois qui viennent. On peut même ajouter qu’elle aura bon bas du dos. Figurez-vous que les professionnels qui font les dessous du bonheur des femmes, et par voie de conséquence les félicités intimes des hommes, ressortent des petits placards de l’histoire un vieux truc qu’on avait cru définitivement relégué au rayon des curiosités orthopédiques. Lorsque les femmes bien nées disaient à leur bonniche : « Ma fille, je sors. Apportez-moi mon cul ! » C’était le bon temps des croupes postiches.
            La marque Wonderbra qui, rappelez-vous, avait lancé le soutien-gorge « push-up », dit délicatement à effet pigeonnant, non pas parce qu’il pigeonne les amateurs exigeants, mais parce qu’il assure aux moindres poitrines le gonflement satisfait d’une gorge de colombidé, cette marque donc reprend l’habile subterfuge pour l’appliquer aux régions inférieures du corps féminin. Elle promeut la culotte « curves-up » qui tient ses hautes vertus érotiques de coussinets amovibles placés sur le dessus du postérieur. Une façon, à n’en pas douter, de mettre le derrière en avant. Et, disons-le, de rendre plus amène, un séant  malséant.
En lingerie, le string, qui tire les ficelles,  s’acharne à dire toute la vérité, découvre à l’envie, provoque à l’extrême, réduisant à d’affreux dépits et à de noires mélancolies les culs plats, tombants ou bancals. Selon une enquête, les persécutions du vêtement moulant,  le harcèlement des tailles-basses, dont le chic de choc tient beaucoup au charnu de ces éminences, ont jeté vers la chirurgie esthétique un nombre croissant de popotins en mal de confiance. On imagine avec quel enthousiasme les laisser pour compte de cette industrie élitiste accueillent  la culotte à gonflette. C’est l’appeau des fesses.
D’autres maisons réputées commettent ce pieu mensonge prothétique.  Aubade donne dans la maille élastique et la bandelette savante, pour mieux galber le volume érogène, avec des modèles « remonte-fesses », baptisés « Beauty-Sculpt » . Chez Scandale, on n’engage carrément la clientèle sur la voie des désordres civils. Figurez-vous qu’ils sortent pour les hommes un boxer en microfibre, le ci-devant « Wonderman », chargé ni plus ni moins de valoriser les « atouts masculins ». On devine que ses coussinets occupent une autre place que la chute lombaire. Il n’est pas destiné aux bisous de famille.
On ne saurait médire de toutes ces tricheries. Les faux-culs participent aux plaisirs frivoles de jours bien assez monotones. Et les hommages oculaires vont aux vrais culs comme aux factices. A moins de trop en pincer, on se gardera d’aller vérifier le naturel de ces tournures. Un mystère de plus au crédit des femmes.
Par contre, haro sur les faux-derches, faux-frères, faux-amis, tous imposteurs de la pire espèce, fourbes, lâches et sournois. Des faux-culs calamiteux qui, même découverts, ne savent rien donner de bon.

Photos : Jean-Luc Petit / Site : HeerSpirit