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BIBLIOGRAPHIE LIVRES

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J'avais 20 ans ...
dans les années 60 - le monde rural

Textes : Mary-Gérard Vaude
Edition : Castor et Pollux

Ils étaient fils et filles de paysans, attachés à la ferme, au village. Autour d'eux, tout changeait. Ils ont suivi la marche du progrès, la grande route des 30 glorieuses. Ils ont appris, bâti, acheté des tracteurs, des machines. Ils ont causé dans le téléphone, regardé la télévision. Les gars couraient les filles au bal du dimanche. Comme ils aimaient cette vie où ils se sentaient libre, malgrés le travail, les soucis, les emprunts !
Ils témoignent aujourd'hui de cette décénie entre les deux mondes où les campagnes changeaient de paysages. Quand le cheval charriait ses derniers foins, fauchait ses derniers blés. Alors sur les chemins, le tracteur creusait ses ornières, et ronronnait à travers champs.

j'avais 20 ans
 

La passion d'enseigner,
paroles de profs, paroles d'instits

Textes : Mary-Gérard Vaude
Edition : Castor et Pollux

75 enseignants ont parlé. J’ai encore leurs voix dans les oreilles. Une belle aventure. Moi qui ai transcrit ces longues heures d’entretien, je vais vous dire ce que j’ai pu ressentir. Instituteur, je sais ce que c’est qu’une classe. Soixante-quinze profs, pas de quoi faire un sondage, ni un portrait-robot. Autant d’hommes et de femmes, autant de personnalités. Les profs, comme les gens de la rue, ne se ressemblent que de loin. Chacun a ses regards, ses façons, ses raisons. Les profs font avec ce qu’ils sont, avec ce qu’ils peuvent. Jusque-là, rien de bien original. N’en va-t-il pas ainsi des autres métiers ?
Loin de moi de vouloir mettre celui-ci au-dessus des autres. Mais un prof ne l’est pas par hasard. Le prof transmet un peu, donne beaucoup. Et s’il donne, c’est aussi pour y trouver son compte. Rien n’est gratuit. Le vrai salaire des profs, c’est la reconnaissance. Les yeux qui s’allument, les bouches bées, les sourires, les doigts qui se lèvent, les petits mots du quotidien. Les mercis. Les bonjours dans la rue ; les anciens qui reviennent dire leur réussite.
Chez les profs, le plus édifiant, ce ne sont pas leurs pratiques, aussi admirables soient-elles, mais plutôt leur bienveillance. Quel artisan peut se targuer de travailler une matière aussi noble ? Aussi réactive, aussi tendre et subtile, aussi forte et fragile, qui déborde autant de promesses. C’est pourquoi, lorsqu’ils manquent à leur tâche, les profs s’attirent secrètes et solides rancunes. Chez les profs, le plus dur, c’est d’être confronté aux affres d’une époque. Quand les enfants sortent de leurs cartables, pêle-mêle, trousse, cahiers, misères et détresses. Quand par les fenêtres, certains cherchent en vain les lumières d’un plus vaste horizon. Quand les bruits de la société parviennent à couvrir le silence des classes. Quand enseigner revient parfois à livrer un combat inégal.
Chez les profs, le plus beau, c’est leur passion. Il est moins de soirs qui les aient vus baisser les bras que de matins qui n’aient réveillé leurs ardeurs. Les profs, si fiers de leur mission, jaloux de leur liberté. Incorrigibles pédagogues jusque dans leur retraite.
Enseigner, certes, n’est pas un métier comme les autres. C’est même peu dire qu’il est extraordinaire. C’est un art.

j'avais 20 ans
 

Photos : Jean-Luc Petit / Site : HeerSpirit